Djakout #1, un empire en péril
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Les saisons changent, mais le vent de la division n’arrête pas de souffler sur le secteur musical haïtien, déjà en proie à toutes sortes de problèmes d’ordre structurel. Depuis toujours, l’instabilité des musiciens au sein des groupes musicaux bat son plein. Et, au regard de la situation, la solution à ces crises récurrentes n’est pas non plus pour demain.

De l’ancienne à la nouvelle génération, rares sont les quelques groupes avoir été épargnés de ce fléau. Même les plus populaires, à l’instar de Djakout #1, ci-devant Djakout Mizik, l’un des mastodontes du Konpa Direk depuis plus de deux décennies. Après avoir résisté à plusieurs orages, désormais, Djakout #1 risque de se faire empoter par la tempête destructrice de la division, qui ronge notre société de manière collective.

On ne présente plus Djakout #1 sur la scène musicale haïtienne. Car après toutes ces années de cohabitation, Pouchon, Roro, Mamane, Shabba, Ti Regi et Ti Pouch ont fait de leur groupe une véritable figure de proue de la musique haïtienne, le secteur du Konpa en particulier. Avec un son percutant, qui invite toujours à bouger, le groupe a su créer une place prépondérante dans le cœur des mélomanes. Ce n’est pas sans raison qu’il s’autoproclame « Djaz Peyi A ». 

Cependant, depuis quelques temps, rien ne semblait fonctionner en interne pour cette machine à succès qu’est Djakout #1. Car contrairement à ce qui se fait en public, où le groupe a rarement perdu de sa fougue habituelle dans les prestations live, il existe des conflits internes, rongeant à petit feu cette institution dirigée par Ti Marco M & S. 

Orgueil des uns et des autres, bagarres répétées entre musiciens, artistes indisciplinés, passivité du manager, absence de transparence, le compétiteur direct de T-Vice confrontait à une série de problèmes, les uns plus complexes que les autres. Et pour le malheur de la musique haïtienne, tout cela a fini par éclater au grand jour.

Le dernier épisode de cette crise remonte au vendredi 12 avril 2019, lors d’un tandem Djackout #1-Mass Compas à Esquina Latina. Au cours de cette soirée dansante, une vive dispute, impliquant Pouchon, Shabba et Roro s’est éclatée en pleine prestation. Une action jugée irrespectueuse pour le public, dont les fans du groupe en particulier, ayant fait le déplacement.

Tout compte fait. Au lendemain de cet incident regrettable, Shabba qui a laissé la soirée alors que Djackout #1 était sur scène, a pris les devants, sortant une note d’excuses sur les réseaux sociaux, tout en déclarant prendre une pause pour l’instant au sein de son groupe, en attendant que les différents soient résolus.

D’un autre côté, un peu plus tard dans la même journée du samedi 13 avril 2019, l’équipe administrative de Djakout #1 y est allée aussi d’une note d’excuses. Dans cette communication rendue publique sur les réseaux sociaux, à l’instar de son tambourineur, le groupe exprime ses regrets à propos de l’incident survenu la veille. Il promet entre autres au public, que des mesures seront prises, afin que de telles bévues ne se reproduisent plus à l’avenir.  

Par ailleurs, prenant acte de ce qui s’est passé, toujours dans la même note, le staff managérial de Djakout #1 informe avoir pris décision de sanctionner Shabba. Par conséquent, ce dernier ne pourra plus jouer avec le groupe jusqu’à nouvel ordre.

Certes, ces genres de problèmes ne sont pas nouveaux au sein de Djakout #1, mais aujourd’hui, la situation a pris une ampleur telle, que la cohabitation parait apparemment difficile, voire même impossible entre quelques membres du groupe, qui ne s’entendent guère. D’ailleurs, même avant l’épisode du 12 avril, les informations faisaient croire à une scission du groupe.

En tout cas, pour l’instant il n’est que d’attendre. Car en attendant, même sans Shabba sanctionné, Djakout #1 promet d’honorer ses prochains contrats. Maintenant, avec ou sans Shabba, à quelle stabilité doit-on dorénavant s’attendre au sein du groupe ? C’est l’une des questions, qui préoccupent tous les mélomanes, dont les fans de « Djaz Peyi A » en particulier. Car de l’avis de beaucoup d’observateurs, la musique haïtienne n’est pas encore prête à perdre un orchestre de la trempe de Djackout #1.


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