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De Massillon Coicou, Coriolan Ardouin, Ignace Nau à René Depestre, Georges Castera en passant par Etzer Vilaire et Frédéric Marcelin, aucun poète, romancier, essayiste ayitien n’a produit une œuvre épique. L’inexploitation du terrain épique dans notre littérature est aussi vielle que l’activité littéraire sur ce coin de terre. Les raisons à cela peuvent varier. Entre autres on peut parler de couardise intellectuelle ou souci de rester politiquement correct comme auteur selon le prisme littéraire de l’Occident. 

Contrairement à d’autres, la littérature ayitienne ne vante quasiment pas l’histoire d’Ayiti, ne promeut pas les personnages historiques, alorsqu’il n’y a pas lieu d’avoir honte de ces derniers qui ont farouchement œuvré pour laisser ce noble héritage. Autrement dit, les auteurs Ayitiens ne pourraient pas être à court d’inspiration s’ils avaient choisi d’exploiter l’esthétique de l’épopée  dans leurs élans créatifs. 

Ce constat de vide a interpellé l’esprit rebel et  liberé de tout instinct grégaire du jeune poète Inema Jeudy.  Ainsi ce dernier issu de la paysannerie s’est proposé de faire un exercice d’exploration du champ épique dans la littérature ayitienne, pour le paraphraser. Subséquemment à son constat,  il a pris conscience de toute la richesse que le recours à l’épopée pourrait apporter au patrimoine de la littérature ayitienne. De cette cogitation est née une œuvre baptisée « Made in Kay Vwazen ». Texte à toile de fond poétique qui offre une valse entre des genres comme le théatre, le roman et l’audience, suivant la description de l’auteur.

« Made in Kay Vwazen » revisite, tout un pan de l’histoire de la Caraïbe et de celle d’Ayiti à travers un Jean Jacques Dessalines romancé mais vivant et agissant dans le décor planté. Le texte donne à Dessalines et par extension à toutes les âmes portant les cicatrices de la colonisation, la chance de se prononcer. Le texte est en quelque sorte  l’expression d’une colère mise à jour pour être adaptée au contexte mondial actuel marqué par le rapport entre peuples oppresseurs et peuples opprimés.

Tout modeste, il a montré un peu de fierté d’avoir initié cet inaugural voyage vers la dimension épique de la littérature nationale. Au passage l’auteur fait un clin d’œil à Felix Maurisseau Leroy dont le poème « Mèsi papa Dessalines » se rapproche du travail qu’il ambitionne de faire avec « Made in Kay Vwazen » . Inema Jeudy auteur de plusieurs autres œuvres à succès dont « Krèy Bòbèch », « Bagèt Legede » et « Le Jeu d’Inema » ose espérer que son travail osé aura la portée qu’il mérite.


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