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« A promising voice », est le tout premier film documentaire d’Obed Lamy, un jeune haitien en séjour aux États-Unis pour une maîtrise en journalisme à l’université d’Arkansas. Le court-métrage de cet étudiant est récompensé comme « Meilleur Film Étudiant » au « Made in Arkansas Festival Film 2021 » le week-end dernier. C’est un travail qui a une grande portée symbolique au regard des clichés raciaux qu’il dépeint.

Ces derniers temps, la discrimination raciale fait couler beaucoup d’encre dans le monde, en particulier aux États-Unis, où les noirs sont souvent les principales victimes de brutalités policières. Étant en séjour dans ce pays depuis 2019 pour entamer une maîtrise en journalisme à l’université d’Arkansas, Obed Lamy s’est également investi dans le monde cinématographique en explorant à sa manière les disparités raciales dans les communautés estudiantines. Ainsi, pour réaliser ses premiers pas dans le monde du cinéma, Obed s’est inspiré du chemin épineux de l’un d’entre les 4,8% d’étudiants noirs qui fréquentent l’université d’Arkansas.

En effet, « A promising voice », a retracé l’histoire intrigante de la vie de Dekarius Dawson, un étudiant en performance musicale du département musique de l’université. Ce dernier étant le premier de sa famille à faire des études universitaires, devrait paradoxalement faire face aux clichés raciaux pour avoir été le seul étudiant noir de sa classe. D’où, la question qui pique la curiosité du jeune réalisateur haïtien : « Comment compose-t-on avec le fait qu’on soit le seul noir dans une classe où le sujet du jour est les droits civils » ?

Ainsi, à travers son film documentaire, le fondateur de « Enfo Sitwayen » a attisé les débats de manière optimiste sur les droits civils et le racisme systémique dans la société américaine, en particulier dans les universités. En ce sens, « A promising voice », une voix prometteuse en français, se projette comme un vibrant appel lancé à l’endroit des principaux acteurs dans les campus universitaires afin de les inviter à réfléchir profondément sur la diversité et l’inclusion des groupes minoritaires et les porter à adopter de nouvelles stratégies pour l’épanouissement de ces derniers. 

En effet, ce tout premier film d’Obed qui était à la base un devoir en cours documentaire, s’est révélé presqu’un coup de maître. Ce film est très plébiscité par les cinéphiles et a reçu la validation de différents professionnels du milieu. Ses diverses représentations dans les festivals comme : l’Arkansas Cinema Society ; le FayetteVille Film Fest et le Black Bear Film Festival témoignent vivement de sa considération. Et pour couronner le tout, après avoir été lauréat du prix du public du Festival Film Arkansas 2020, il a remporté le prix de « Meilleur Film Étudiant » au Festival Film d’Arkansas de cette année.

« Je suis surtout content de pouvoir apporter ma contribution dans les débats au sein de la société américaine en retour à la prestigieuse Fullbright bourse dont le gouvernement des États-Unis m’a octroyé pour effectuer une maîtrise à l’université d’Arkansas, mais je me suis réjoui aussi du fait que les professionnels du secteur ont validé le travail », a expliqué Obed à Rythmes 509 pour exprimer sa joie.

Dans la foulée, notons que le film est réalisé en juin 2019, juste avant les récentes bavures policières et le début de la crise sanitaire liée à la pandémie qui allaient alimenter les débats dans le même sens aux États-Unis. Une drôle de coïncidence qui a favorisé le succès du film d’Obed Lamy qui, de part sa curiosité, et comme lanceur d’alerte, a su immortaliser le passage de Dekarius Dawson à l’université d’Arkansas, aux côtés du professeur de musique, Jeffrey Modock.

Au final, pour comprendre l’ampleur du travail d’Obed, il faut tenir compte des propos de son conseillé pédagogique à l’université, le professeur Colleen Thurston. D’après lui, le fait qu’Obed a réussi à mettre en exergue à travers « Apromising voice », l’histoire d’un acteur de changement comme Dawson, évoque pour lui l’espoir d’une Amérique, d’un campus, d’une société plus juste, plus équitable bien avant la mort de George Floyd qui a provoqué des troubles aux États-Unis.

Bébéto Jean 


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