Revival - Absalyann
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Depuis quelque temps, Absalyann The God plus connu comme 35 Zile articule son rap autour d’un concept artistique dénommé VAR : Vodou Altènativ Rap. Ainsi, après « Lakou loray », son huitième album sorti en 2020, l’artiste a continué à concocter des combinaisons uniques qui incarnent l’idée de cette nouvelle dynamique de création. En effet, tout récemment, il a délivré dans la sphère musicale haïtienne un dernier projet baptisé « Revival (Final Frontier) » portant la signature d’un producteur d’origine française, en l’occurrence, Lou Piensa. Influencé par plusieurs autres styles musicaux fondamentalement rattachés aux noirs, cet album en dit long également sur la question de l’identité culturelle.

Alors que bon nombre d’artistes courtisent de plus en plus la popularité dans de l’industrie musicale, Frantzy Nougaisse dit Absalyann The God, s’est plutôt attelé à témoigner sa loyauté envers la mémoire collective à travers son rap. « Li nòmal pou albòm gen enflyans vodou. Vodou se lifestyle mwen. M se vodou nan tout sa m ap fè, menm janm pou Hip-hop la. », précise-t-il d’emblée dans une interview donnée à Rythmes 509, en référence au morceau titré « Konfesyon », track # 4 de son dernier opus. « Revival se resi lavi m, se sa m tande, sa m konprann nan rap », poursuit cette figure iconique du Rap Haïtien qui s’est inspiré des chants traditionnels qui l’ont bercé pour présenter un nouveau travail ancré dans les entrailles du vodou.

Publié le 26 septembre dernier, « Revival » se révèle également comme étant la concrétisation du projet d’un créateur passionné qui veut retracer un pan de l’histoire des noirs, notamment en ce qui a trait à leurs chants de résistance par rapport aux oppressions subies au cours de l’histoire. Plus précisément, l’idée consiste à rappeler aux mélomanes l’importance de la mémoire ancestrale des noirs via le concept « Revival », en témoigne la sonorité des 10 tracks du projet (incluant deux extraits de conversations avec respectivement Max Beauvoir (track #1) et Nina Simone (track #7) qui portent les couleurs du jazz, de la soul, et du Boom bap (style rap new-yorkais des années 90).

En fait, la démarche artistique du rappeur explose d’une originalité par rapport à ce qui se fait dans le milieu musical haïtien. Sa créativité n’a donc pas suivi l’attente du public qui pourrait rester inassouvi s’il ne s’attarde pas minutieusement sur ce projet pour en saisir sa portée. Toutefois, l’artiste n’est pas non plus anodin par rapport à son accroche lyricale qui n’est pas tout à fait familière au public. En réalité, il semble qu’il cherche à faire transcender son rap de son époque. « Stil fuck teknik tankou n te yon god body your. M pa t janm gen nan entansyon m kreye pou fans, m jis ap tann li vin klasik. », scande-t-il sur le titre éponyme (track #9) de cet album qui traite également certaines questions existentielles de l’homme. 

Par ailleurs, il faut souligner aussi que, dans une certaine mesure, les idées qui traversent cet opus à travers lequel le rappeur veut rendre hommage à ses origines, découlent de la même source que la pensée de Jean Price Mars, qui consiste à mettre l’accent sur l’héritage ancestral pour définir la notion de l’identité. En effet, de nos jours, rares sont ceux qui, comme Absalyann, dégagent une aussi grande fierté culturelle dans leurs œuvres.

Bébéto Jean


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