Gramè jeneral deYves Gérard Olivier
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L’ouvrage baptisé « Gramè jeneral » publié sous le Label Edisyon lafimen, sort des sentiers battus en termes d’approche conduisant à une compréhension complète et profonde de la langue créole. L’auteur Yves Gérard Olivier l’a si bien dit en assimilant son travail à une révolution dans la manière de lire et d’écrire le créole Ayitien. Dans ce livre, le grammairien est allé au-delà d’une démarche descriptive des règles relatives au fonctionnement de la langue pour offrir un voyage dans l’univers de subtilité qu’abrite le créole Ayitien. « Gramè jeneral » aide à découvrir la vivante mécanique du créole Ayitien en présentant avec force et détail la marche évolutive de ce dernier. Au bout de dix-huit (18) chapitres et plusieurs centaines de leçons, le livre est la pointe de tout ce qui a été fait comme réflexion sur l’existence et l’essence, sur le fond et la forme de la langue.

Yves Gérard Olivier a mis un point d’honneur à révéler au grand jour la dimension égrégorisée de cette langue. Pour ce faire, il recourt à un procédé naturel et simple néanmoins riche en signifiance. Il se sert par moment de bribes de texte de chansons ou de poèmes d’environ soixante (60) auteurs Ayitiens pour illustrer certaines leçons, ce qui rappelle la part de folklorisme que charrie cette langue.  L’auteur clôture chaque chapitre par une chanson vodou comme pour exprimer l’indissociabilité entre l’âme de la langue et les vibrations de l’Ayiti profonde. 

Une grammaire est, à priori, un outil pédagogique qu’on mobilise à besoin, différemment d’un roman, d’un essai ou d’un recueil de poème. Cependant « Gramè Jeneral » bien qu’étant un livre de grammaire à part entière, donne envie de le lire d’un coup. L’ouvrage est préparé, présenté suivant une méthodologie audacieuse pour accrocher le lecteur. On aurait dit que des intrigues sont placées de manière imperceptible à la fin de chaque partie pour forcer l’intellect à rester scotché en passant à la suite.

Il s’agit d’une besogne précieuse à laquelle cinq (5) ans de la vie de l’auteur auront été consacrés. Cinq (5) années pendant lesquelles Yves Gérard Olivier à cumulé des notes, a consulté plus d’une trentaine d’ouvrages dans le cadre de recherches intenses et acharnées pour pouvoir produire un résultat qui soit à la hauteur de toute la noblesse et le prestige qu’il attribue à cette langue qu’est le créole Ayitien. Économiste de formation, il n’a, à première vue, aucune prédisposition académique pour réaliser des travaux de niveau scientifique sur la langue. Tout son intérêt pour la chose linguistique (créole) tire son origine du fait que tout petit il a été témoin d’une forme d’injustice que le créole a dû subir dans sa cohabitation avec la langue coloniale. De là est né une sympathie qui s’est transformée en parti pris sacerdotal vis à vis de sa langue maternelle. Avec près d’une demi-douzaine d’ouvrage en créole dont « Konprann Konnen » en trois volumes et le recueil de poème « Souvan sezon », l’auteur de « Gramè Jeneral » à son insu semble vouloir donner une sorte de revanche à cette langue créée par les ancêtres.

 Tom Kensley Marcel


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