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C’est au tour de Rodly Saintiné de vivre des moments sombres dans sa carrière journalistique par rapport aux hostilités que lui ont déclarées des groupes armés qui sèment la terreur à Cité Soleil. À l’instar du photo-journaliste Dieunalio Chery qui fut contraint tout récemment de se retirer de l’univers de la presse haïtienne à cause d’une situation similaire, Rodly Saintiné est également en mauvaise passe rien que pour sa profession.

Le travail des journaliste s’avère souvent très compliqué quand dans un pays leur sécurité n’est pas garantie. En Haïti, d’autant plus que le traitement réservé à la majorité d’entre eux est exécrable, ils se heurtent souvent contre les vagues de violences qui se déchaînent dans le pays. Quand ce n’est pas la mort qui vient étouffer leur verbe à tout jamais, ils font objet de toutes sortes de menaces et finissent parfois à partir en l’exil. Ce qui constitue une entrave à la mission de la presse en Haïti, en d’autres termes, à la liberté d’expression. Et dans ce contexte où les tensions s’aggravent, il va sans dire que même les acteurs de la presse culturelle ne sont pas exempts de la machine infernale de l’insécurité. 

C’est en effet à une pareille situation que Rodly Saintiné, présentateur de l’émission « Bon après-midi » sur Alter radio est confronté. Il se trouve entre le marteau et l’emclume face aux risques qu’il encourt en exerçant son métier. Journaliste dans l’âme, c’est par le biais de sa voix que les activités culturelles d’Haïti se transmettent sur RFI (Radio France Internationale) depuis près de deux ans comme correspondant de Couleurs Tropicales, une émission phare présentée par Claudy Siar, mettant en valeur les musiques « Afro » depuis près d’une vingtaine d’années. Il s’est adonné à l’animation radiophonique afin de divertir le public tout en faisant rayonner la culture haïtienne. Malheureusement, ce choix lui a conduit dans la ligne de mire de certains ravisseurs et plongé dans une période très sombre dans sa vie.

Privé de la sérénité pour vaquer à ses activités journalistiques, Rodly essayait tout de même de ne pas laisser sa crainte l’emporter sur son intégrité quoique des menaces arrivaient sur son portable à un rythme très inquiétant. Pour lui, ce n’était q’une tentative d’intimidation. Mais l’affaire a fini par prendre un autre tournant à la suite de la mort de l’inspecteur de police Miradel Adolphe, survenu au cours de l’attaque perpétrée au sous-commissariat de police de Drouillard le 5 juin dernier. Et pour cause, la bande armée de ce petit quartier où il a grandi dans la commune de Cité Soleil, l’accuse d’être celui qui fournit à la presse toutes les informations sur ce qui se passe dans cette banlieue.

« Je suis obligé d’abandonner ma domicile depuis le 20 juin, parce que des individus armés ont débarqué chez moi dans l’intention de me tuer. Heureusement, je me suis échappé de justesse. », explique cette jeune tête de la presse culturelle par rapport aux menaces qui pèsent sur sa personne. Pris de panique, il s’est soustrait de ses activités journalistiques et vit clandestinement après avoir été pourchassé de sa demeure.

Face à une telle situation, Rodly a beau solliciter les supports des autorités concernées, notamment à la direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), ses interventions n’ont été d’aucun réconfort à son oppression. En fait, soulignons que depuis la nuit des temps, l’irresponsabilité des autorités compétentes a toujours laissé libre cours à la violence qui se répand impitoyablement à travers la société haïtienne, particulièrement sur les travailleurs de la presse qui n’ont pas cessé d’être persécutés.

En tout cas, avec espoir que les autorités policières vont se pencher sur son intenable situation dans les plus brefs délais, Rodly Saintiné continue d’appeler d’autres instances dans le milieu de la presse comme AJH (Association des Journalistes Haïtiens), Fondation Jeklere ou encore « Commitee to protect journalists » de venir à sa rescousse. 

Bébéto Jean


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