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Le 27 juillet 2018 ramène le 70e anniversaire de fondation de l’Orchestre Septentrional, symbole d’une institution de prestige dans une société en manque de repères. Car durant toute son existence, le groupe dont le nom a été enregistré en 2012 dans la « Bible des musiques du monde » a su bâtir la maison de sa renommée sur le roc solide de la qualité. Un bel exemple de constance et surtout de discipline pour un groupe, dont la réputation a traversé les frontières haïtiennes.

Défections par-ci, instabilités par-là, dans le marché musical haïtien toujours en proie à toutes les difficultés structurelles, la longévité des groupes n’est point une évidence. Cependant, si en manque de moyens et de discipline, certaines formations ont seulement existé l’espace d’une présentation ou d’un morceau en rotation, d’autres ont pourtant bravé tous les obstacles, jusqu’à atteindre l’âge de la vieillesse. Dans ce petit cercle très fermé on a l’Orchestre Septentrional, le doyen de la musique haïtienne, qui a désormais 70 ans d’existence. Patrimoine.

Au-delà d’un simple groupe musical, ayant bercé plusieurs générations de mélomanes, en vertu de ses prouesses à travers le temps, aujourd’hui en Haïti, la simple évocation de Septentrional renvoie directement à une entreprise, dirigée selon des normes et des valeurs établies. D’ailleurs, si « La boule de feu internationale » arrive à atteindre cet âge aujourd’hui, c’est grâce à la discipline et à la persévérance dont l’orchestre originaire du Cap-Haïtien a toujours fait preuve depuis son lancement en 1948.

Les générations se succèdent, de nouveaux musiciens qui arrivent et d’autres qui partent, mais Septentrional reste et demeure un orchestre de référence au regard de la bonne qualité de ses productions, toujours favorablement saluées par les critiques.

Aujourd’hui, avec beaucoup d’orgueil, Haïti est fière de donner à la Caraïbe l’un des plus anciens groupes musicaux de la région, en l’occurrence Septentrional. Et ce qu’il y a de plus intéressant dans tout ça, c’est qu’au-delà de cette remarquable longévité, le groupe du défunt Ulrick Pierre-Louis ne chôme jamais. Il est toujours en activité. D’ailleurs pour son 70e anniversaire, l’éternel rival de l’Orchestre Tropicana d’Haïti offre à ses fans un nouvel opus paru sous la couverture de « Yon Ti Kout Je », un nouveau produit bien emballé pour la satisfaction des tympans. Une sorte de garantie aux mélomanes que le groupe est pour toujours.

Tropicana d’Haïti honore Septentrional   

Soixante-dix ans pour un orchestre dans un pays où les groupes musicaux ne font pas souvent long feu, prend évidemment l’allure d’un événement, surtout dans le paysage musical. Ainsi, musiciens, animateurs, promoteurs, tout le monde est y allé avec un souhait, des mots de compliments et de remerciements à l’endroit de Septentrional pour le tout le bon travail accompli.

En effet, au regard de l’éternelle rivalité (musicale) entre les deux orchestres de la ville du Cap-Haïtien, dans l’ordre des choses normales, il serait tout bonnement impossible d’espérer à un geste de la part du Tropicana d’Haïti à l’endroit de Septentrional à l’occasion de ses 70 ans d’existence. Mais, à la surprise générale de tout le monde, l’insolite a bien eu lieu. Car lors du bal du 70e anniversaire de Septentrional, l’Orchestre Tropicana d’Haïti lui a offert un trophée, en signe de respect et de reconnaissance de tout ce que le groupe challengeur représente pour la musique haïtienne, et pour la société dans son ensemble. Une action de grande classe, qui devrait inspirer d’autres secteurs de la société. Cependant, au-delà du symbolisme de l’action, est-ce le geste qui annonce enfin Septentrional et Tropicana sur un même podium ? L’histoire dira bien le reste.


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