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2010, 2020, déjà une décennie pour le groupe dISIP dans le paysage musical haïtien. Entre les hauts et les bas, la bande à Gazzman Pierre Couleur s’est faite une place sur le marché musical haïtien. Avec 4 albums et plusieurs dizaines de concerts à travers le monde, l’équipe de dISIP peut quand même éprouver de la fierté de célébrer, cette année, une décennie dans une industrie musicale haïtienne qui ne fait pas de cadeau.

Fondé en 2010, tout juste après le départ de Gazzman de Nu Look, groupe avec lequel le fils des Gonaïves a connu des heures de gloire durant environ dix ans, le groupe dISIP a mis du temps à décoller réellement. Rassembler des musiciens pour le projet, sortir sa première chanson, trouver des promoteurs alliés à la cause, Gazzy et son équipe ont connu des débuts assez difficiles. Mais, « mille » fois sur le métier, dISIP a su se remettre à l’œuvre, jusqu’à s’imposer aujourd’hui en ténor de cette génération dans l’univers du compas.

En effet, seulement quelques mois après son lancement officiel, entre vitesse et précipitation, dISIP allait publier son premier disque. Cet opus baptisé « Mission » n’a pas connu le succès escompté. Certains critiques intransigeants ont même parlé de flop commercial. Toutefois, des morceaux comme « Bòpè Pa Papa » et « Pas Sans Toi », ont eu quand même l’appréciation d’une partie du public. 

Trois ans plus tard, dISIP revient chez les disquaires avec un nouveau produit emballé sous l’appellation de « Viktwa ». Si les mélomanes s’en sont plaint beaucoup moins cette fois-ci de la qualité de la marchandise, l’album a cependant souffert d’un déficit de promotion. D’ailleurs, c’est l’un des reproches qu’on adresse le plus souvent à ce groupe, qui a toujours du mal à bien vendre ses œuvres auprès des consommateurs. 

Entre-temps, avec à sa tête une bête de scène à la dimension de Gazzman, on ne se plaint pas trop des prestations live de dISIP. Ainsi, entre les festivals et les soirées dansantes, le groupe est souvent à l’affiche un peu partout, notamment en Haïti, où sa  popularité n’a cessé d’accroître, surtout dans les villes de provinces où il est souvent très demandé, notamment à l’occasion  des fêtes champêtres. 

Après les deux premiers albums, musicalement, dISIP n’a cessé de grandir. Ainsi, en mai 2016, le groupe a accouché de son troisième opus studio baptisé « Klere Yo ». Ce disque de douze morceaux a eu la bénédiction d’un certain Dener Céide, producteur adulé dans le milieu. À l’unanimité, les critiques ont admis que le contenu de « Klere Yo » est de loin supérieur aux deux premiers albums. Sans surprise, malgré la grande concurrence de l’époque, « Klero Yo » a remporté la distinction honorifique de l’album Compas Direct de l’année, désignée par Ticket Magazine. Ce qui a accru la visibilité promotionnelle pour Gazzy et sa bande. Consécration totale !

Par conséquent, grâce au succès musical et commercial de ce 3e disque, le groupe se positionne de plus en plus comme une référence sur la scène. Cependant, parallèlement, des défections ont été enregistrées au sein de dISIP. Quand ce n’est pas le bassiste, c’est le guitariste qui abandonne le navire. Quand ce n’est pas le percussionniste, c’est le Directeur Musical qui claque la porte. Donc, il y a toujours un départ pour nuire à la stabilité du groupe, basé à Miami. Ce qui est négatif pour l’image de celui ci. Mais, un fait est certain, il y a toujours des remplaçants pour continuer le travail. 

En effet, en juin 2019, dISIP a soumis son quatrième opus titré « Loreya » à la consommation des mélomanes. Le côté un peu taquin de l’appellation de l’album a suscité pas mal de débats dans le milieu culturel, notamment chez les passionnés du sensationnalisme. Alors, à la faveur de la bonne qualité des morceaux comme « Psaumes 150 » et « Héritage », cette nouvelle œuvre de dISIP a été favorablement saluée par la presse spécialisée. Si l’œuvre est à accepter à sa juste valeur, mais, toujours est-il que, le produit n’a pas atteint les sommets commerciaux visés par les intéressés. 

Durant ces dix années d’existence, marquées entre autres par des instants de doute, de boycottage, d’échecs, de joie et de succès, Gazzman et son équipe ont joué un peu partout en Haïti, en Amérique du Nord, en France, dans les Antilles, vendant la musique haïtienne, le Compas Direct en particulier, à des compatriotes haïtiens et étrangers, toujours attachés à l’héritage de Nemours Jean-Baptiste. 

Après dix ans, s’il faut continuer à exiger de dISIP d’autres stratégies promotionnelles, une meilleure gestion administrative et managériale, ce qui pourra évidemment faciliter une certaine stabilité au sein de l’équipe, mais il faut aussi saluer le courage de Gazzman (à la fois chanteur, producteur et Directeur Musical) qui, en dépit des déboires de toutes sortes, avec la force et la détermination, n’a juré que par l’existence de son groupe dans le paysage musical. 

Longévité à dISIP !


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