K-dilak Mesaje a - Pouki n Te Marye
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Dans un secteur musical haïtien, en panne de structure, et souvent monopolisé par des clans, difficile pour une nouvelle tête d’arriver à s’imposer sans une machine promotionnelle et une équipe managériale bien charpentée derrière elle. On peut être un Ritchie ou un BIC en herbe, sans l’accompagnement nécessaire, l’aventure débouchera très probablement sur la désillusion. En revanche, quand le talent se joint à la volonté, l’excellence finira toujours par s’éclater. 

D’une génération à une autre, d’une tendance musicale à une autre, la question du clan a toujours été un facteur non-négligeable dans la percée ou la non-émergence de certains artistes, musiciens haïtiens, pourtant pétris de talents. Si, par manque de stratégie ou de persévérance beaucoup ont abandonné au cours de route, mais, d’autres ont plutôt résisté, jusqu’à se faire une place au soleil. K-Dilak appartient donc à cette seconde catégorie. 

Contrairement à d’autres nouvelles voix qui émergent aujourd’hui sur la scène musicale haïtienne, K-Dilak (Mesaje a) n’est pas né de la dernière pluie. Car son premier single à succès « Pa Gad Ale m » remonte à 2016. Cependant, à l’instar de beaucoup d’autres artistes avant lui, le natif de Miragoâne a dû faire preuve de patience, et surtout de persévérance, avant de s’imposer aujourd’hui comme une vraie tête d’affiche dans le milieu. 

Dès le départ, la valeur artistique de K-Dilak ne faisait pas de doute. Car ses chansons ont été souvent bien accueillies par le public. Mais, cela ne suffisait pas à lui ouvrir certaines portes du marché musical local, de plus en plus clanique dans son fonctionnement. Il faut être dans telle équipe, il faut être dans les bonnes grâces de tel promoteur ou organisateur d’événements pour être « booké » dans des activités d’envergure.

Le succès d’un artiste ne se mesure pas souvent à l’aune de son talent, surtout, dans un pays comme Haïti, où l’industrie artistique est boiteuse, où le secteur musical en particulier, est orphelin de toutes structures. K-Dilak, chanteur, compositeur qui peut naviguer sur plusieurs tendances musicales a dû prendre cette situation avec la patience nécessaire, tout en continuant à peser sur l’accélérateur. Car en bon optimiste, il a su que les efforts allaient finir par payer 

En effet, depuis quelques temps, soutenu par la qualité de sa musique, le nom de K-Dilak résonne de plus en plus fort dans les tympans des consommateurs, qui lui ouvrent une place dans leur cœur. Entre-temps, puisque ses chansons sont à la mode, l’artiste de 27 ans attire forcément la curiosité et le regard des promoteurs, avides de rentrées économiques. Ainsi, au cours de cette année 2020 qui vient de partir, l’interprète de « Transfome » a été à l’affiche un peu partout à Port-au-Prince, comme dans des villes de provinces. Et selon les images disponibles sur les réseaux sociaux, c’est souvent un public enchanté qui reprend en chœur les chansons de l’artiste. 

Aujourd’hui, avec plusieurs tubes en vogue dont « Fo Pwomès », « M Pap Padone w », « Yo Pa Kapab Ankò », « Pou Ki n Te Marye » (la chanson du moment en Haïti selon certains observateurs), et des spectacles qui attirent souvent la grande foule un peu partout sur le territoire national, K-Dilak se fait désormais une place remarquable dans le paysage musical. Au point qu’il a été désigné respectivement « Meilleur artiste masculin » et « Chanteur de musique urbaine » de l’année 2020 par Ayitibiografi et Ticket Magazine. Une véritable consécration qui mérite d’être appréciée. Car « L’ouvrier qui travaille, mérite son salaire », dit-on.


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