AKPA (Animatè Kiltirèl Pou Ayiti
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Malgré le poids des ans et les enseignements des expériences, le marché musical haïtien peine encore à trouver un certain équilibre professionnel pour un meilleur fonctionnement. Car en dépit de certains efforts consentis, force est de constater que l’industrie musicale haïtienne est toujours hantée par ses vieux démons, dont les relations sulfureuses entre certains groupes musicaux, artistes et des membres de la presse spécialisée. 

Même dans les industries musicales les plus structurées du monde, les clashs et les désaccords entre artistes, musiciens et médias, ou plus précisément des animateurs de radio et critiques musicaux sont fréquents. Toutefois, cela reste souvent dans le cadre professionnel du travail des protagonistes, qui ne sont pas obligés de voir le verre avec le même regard. Mais, dans la communauté haïtienne, les choses ont tendance à prendre un aspect personnel, qui tournent souvent à une trivialité répugnante.  

En effet, pour le plus grand bonheur des amateurs de buzz et de polémique, les relations entre quelques groupes musicaux, artistes et certains médias et animateurs de radio prennent depuis quelque temps une dimension sans cesse dégradante dans le paysage du showbiz haïtien. Des gens de presse qui connaissent mal leurs rôles, des artistes qui sont allergiques aux critiques, une situation qui symbolise l’image même de la HMI, où presque rien ne fonctionne selon des normes. 

Comme toute autre sphère artistique, l’industrie musicale est constituée d’un ensemble d’éléments, dont les artistes et les médias en font partie intégrante. Du coup, pour un meilleur fonctionnement de cet ensemble, les éléments constituants sont appelés à développer de bons rapports les uns avec les autres. Ce qui est rarement dans la HMI, notamment entre des musiciens et certains représentants de la presse culturelle. Ce qui ne manque pas d’ailleurs de nourrir des conflits inutiles entre les parties concernées. 

Des groupes musicaux et artistiques se plaignent d’être boycottés par les médias ou des animateurs en particulier, des médias (surtout en province) avouent être négligés par des groupes musicaux et artistes, clashs, rixes entre artistes et animateurs de radio […], les relations artistes-médias ont projeté ces derniers temps une image hideuse, qui n’aide nullement à la santé professionnelle de la HMI, qui souffre déjà de tous les maux structurels. 

Certes aujourd’hui, grâce à l’Internet, l’artiste musicien dispose d’une multitude de choix pour faire sa promotion et celle de ses œuvres. Cependant, d’une manière ou d’une autre, les médias jouent un rôle important dans le succès des artistes et des groupes musicaux, incluant leurs projets. Par conséquent, les artistes, musiciens et médias sont appelés à une relation inévitable. Les artistes, les groupes ont besoin des médias pour faire la promotion de leurs œuvres. Les médias ont aussi besoin de leurs produits pour offrir à leur public. 

Par ailleurs, il est aussi grand temps d’éduquer les artistes haïtiens, que la promotion musicale n’est pas toujours gratuite. Les artistes haïtiens ont toujours de gros budget pour payer les studios d’enregistrement, réaliser des vidéos futuristes, mais quand il vient le moment de payer pour la promotion de leurs musiques, ils n’ont plus de sous. Pourtant, dans la sphère musicale, où la concurrence est souvent intense, la promotion devient un facteur clef dans le succès de certains produits.  

Artistes, groupes, promoteurs, producteurs, managers, opérateurs culturels, animateurs de radio […], en termes de structure, la HMI et tout ce qui va avec, renvoient souvent à une industrie musicale en manque de professionnalisme. Les rapports développés entre les musiciens et les acteurs de la presse culturelle ne font pas d’exception. Au contraire, cela contribue à aggraver encore plus la situation.

Crédit photo : Vicky Larose via Page Instagram de @diyosashow

Osman Jérôme 


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