Un requiem pour la HMI
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« Dans environ 25 ans, la musique Compas n’existera plus », avait déclaré le célèbre musicien Dadou Pasquet lors d’une interview il y a quelques années. Dans cette interview, l’icône de la musique Ayitienne a eu à exprimer ses préoccupations sur le laxisme et la paresse esthétique qui caractérisent désormais les production musicales Compas. Il a vu plein d’aspects négatifs dans la pratique qui présagent un « Compacide » pur et simple. Tout observateur avisé, doté à minima du sens de l’esthétique et respectueux de l’ART, trouvera que cette sombre prédiction sied tout aussi bien à la « Haitian Musical Industry ». Elle l’est d’autant que le destin du Compas est intimement lié à celui de la HMI. Entre les manquements structurels, la production d’œuvres à valeur esthétique en grande partie médiocre dictée par l’appât des « views » et la prise d’assaut de la musique par des pseudos Artistes, l’avenir de cette soi-disant industrie est de plus en plus hypothétique.

La pseudo industrie n’inspire absolument plus rien de prestigieux, de noble ou de mythique comme cela pouvait être le cas jadis où le souci de l’Art y était présent. Et c’est tellement vrai que désormais être vedette revient à être considéré comme artiste, alors qu’il s’agit de deux concepts qui sont aux antipodes l’un de l’autre. Désormais chaque vilaine coqueluche d’internet pourvu qu’elle comptabilise une petite centaine de milliers d’abonnés, s’arroge le droit d’investir l’univers musical Ayitien, tant ce dernier dépourvu de filtre tend, du coup, à accueillir n’importe quel truc exaspérant. 

À chaque fois qu’une intrusion se fait dans ce milieu, les tenants de « l’establishment », oups ! Qu’écris-je ? Les tenants de l’Entertainment Ayitien s’arrangent pour faciliter la tâche à l’intrus qui n’est venu que pour nuire à la qualité. La méthodologie est simple et c’est la même à chaque fois, ils (tenants) commencent par repérer les plus incultes et les vulnérables parmi les annonceurs de chansons qui ont curieusement une certaine audience sur la FM, ils les placent sous une hypnose morbide grâce à l’argent, et les conditionnent pour répéter que tel chiant son est un chef d’œuvre, et le tour est pratiquement joué. Plusieurs crimes de « lèse-musique » ont été perpétrés ainsi avec des « Articides » comme : Papi, (Babay Nicole), Kasoumee, Shassy, Florence, Blondedy et Natacha plus récemment. 

En outre, ces tenants infligent le coup de grâce en accusant à la face de l’opinion publique les quelques conservateurs éclairés, de chercher la petite bête, comme quoi ce ne sont pas des gens qu’il faille prendre au sérieux. Une tactique qui a aussi l’effet de pousser les puristes à ne pas s’exprimer et à se cacher pour mourir comme les oiseaux dans le roman de Colleen Mc-Cullogh. Et l’opinion, tombée dans le panneau, oublie que les petites bêtes si on ne les cherche pas pour s’en débarrasser pendant qu’elles sont encore petites, une fois devenues grosses on ne pourra plus rien contre elles. Qui pourra demander à des chanteurs médiocres mais populaires aujourd’hui, (Dieu seul sait qu’il y en a beaucoup) de laisser leur place à des vrais et bons chanteurs ? Personne n’oserait parce que ces bêtes ont déjà pris trop de place, impossible de les chasser. Toutes ces vedettes ont été bénies par un Artiste authentique, qui est censé protéger l’Art de toute infestation. Il faut croire qu’il n’y pas qu’en politique que l’expression « Konze » a du sens. À chaque secteur ses fossoyeurs.  Il faut en être un pour accepter que des « Artsaillants » envahissent l’industrie déjà moribonde pour accélérer sa fin.

Crédit photo : Haitian Compas Festival

 Tom Kensley Marcel


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